Les articles du Dr Emperaire

Infertilité primaire, infertilité secondaire, hypofertilité, stérilité, ce que les mots veulent dire…

Quelles sont les différences entre infertilité primaire, infertilité secondaire, hypofertilité et stérilité ?

La fertilité fait partie des qualités qui caractérisent chaque personne : être fertile consiste à pouvoir avoir un enfant quand on le souhaite.                                                                                                                                 

Cela reste toutefois un concept théorique : la fertilité de chaque individu, en effet, ne peut s’exprimer qu’à travers la fertilité d’une personne de l ‘autre sexe, elle-même douée d’un certain degré de fertilité : c’est pourquoi il ne peut y avoir de fertilité que de couple (rappelons ici que tous ces concepts ont été forgés à une époque où quand on parlait de couples, il allait de soi qu’il s’agissait de couples hétérosexuels).

FERTILITE ET FECONDITE                                                                                           

Il s’agit de deux termes souvent employés l’un pour l’autre, amis dont la signification est en réalité différente :

*Un couple fertile est un couple qui conçoit quand il le souhaite : par extension, ses deux membres sont considérés comme fertiles.

*Un couple fécond est un couple qui a déjà conçu au moins un enfant : par extension, la femme est considérée comme féconde, alors que l’homme est considéré bénéficier d’un sperme doué d’une fécondance normale.

Dans ces conditions, un couple qui a déjà un enfant et qui rencontre des difficultés pour en concevoir un autre est à la fois fécond et infertile.

INFERTLITE ET HYPOFERTILITE                                                                              

La fécondabilité est la probabilité de concevoir au cours d’un cycle menstruel. Dans l’espèce humaine, elle est maximum entre 20 et 30 ans, période où elle est de l’ordre de 25% : une chance de concevoir sur 4 dans les meilleures conditions. En l’absence de contraception, ou lorsque celle-ci est stoppée, et par le jeu des chances statistiques, il faut en moyenne entre 1 et 6-8 mois à un couple fertile pour concevoir : sur 100 couples qui décident de concevoir, 60 auront réussi à la fin du 6° mois, et 80 à la fin de l’année : ce sont les 20 couples qui n’ont pas conçu en un an qui sont considérés comme infertiles.

Il serait plus adéquat de parler d’hypofertilité pour ces couples plutôt que d’infertilité ; la plupart sont en effet doués d’une fécondité faible, mais qui existe : la moitié d’entre eux auront en effet spontanément conçu à la fin de la 2° année d’exposition.

La fécondabilité diminue avec l’âge, essentiellement par vieillissement ovocytaire : elle n’est  plus que de  12% par cycle à 35 ans et de 6% à 42 ans, augmentant d’autant le délai nécessaire pour devenir enceinte.

A noter que paradoxalement, la fertilité est également réduite avant 20 ans.

INFERTILITE PRIMAIRE, INFERTILITE SECONDAIRE                                   

L’infertilité est dite primaire si le couple a des difficultés pour concevoir un premier enfant ; elle est dite secondaire si les difficultés apparaissent après avoir déjà accouché d’un enfant.

On parle aussi d’infertilité secondaire s’il y a déjà eu un début de grossesse qui n’a pas abouti : fausse-couche, interruption de grossesse, grossesse extra-utérine … Pour distinguer les deux situations, qui n’ont pas les mêmes conséquences, beaucoup préfèrent parler dans ce dernier cas d’infertilité primo-secondaire.

INFERTILITE ET STERILITE                                                                                    

La stérilité est l’incapacité totale et définitive pour un individu ou une couple de concevoir naturellement un enfant. Contrairement au concept de fertilité, qui implique la participation des deux partenaires du couple, une personne peut être porteuse d’une anomalie qui la rend personnellement incapable d’assurer son rôle dans la procréation : par exemple une femme dont les trompes utérines sont absentes, ou un homme dont le sperme ne contient pas de spermatozoïdes ; cette anomalie personnelle  confère aussi au couple son caractère stérile.

Du fait de sa connotation plus péjorative, le terme de stérilité devrait donc être réservé aux situations d’infertilité pour lesquelles il n’existe aucune solution thérapeutique actuelle.

Mais la stérilité représente un concept fragile car évolutif: beaucoup de stérilités d’antan sont maintenant curables. Un homme dont le sperme ne contenait que quelques spermatozoïdes a toujours été considéré comme stérile au point de se tourner vers l’insémination par donneur ; puis l’apparition de la FIV/ICSI en 1993 lui a permis de bénéficier de chances normales de concevoir un enfant. Par contre les hommes dont le sperme ne contenait aucun spz restaient identifiés comme stériles : jusqu’au moment où il est devenu possible de réaliser des FIV/ICSI avec des spz récupérés dans le testicule lui-même. A l’heure actuelle, seuls les hommes dont les testicules ne contiennent aucun spz peuvent être considérés comme stériles : mais il n’est pas exclu que dans l’avenir des spz puissent être dérivés de cellules souche et leur permettre de concevoir un enfant.