Dr Jean-Claude EMPERAIRE

Les articles du Dr Emperaire

QUELLE UTILITE DES TESTS D’OVULATION ?

Les tests dits d‘ovulation ne détectent pas l’ovulation à proprement parler, mais le signal qui va déclencher plus tard l’ovulation et donc la libération de l’ovocyte.

Le déclenchement de l’ovulation

Lorsque le follicule ovarien est parvenu à maturité, il envoie un signal à l’étage hypothalamo-hypophysaire qui déclenche une décharge des hormones gonadotropes FSH et LH ; cette décharge (ou pic) initie la maturation finale du follicule et de l’ovocyte qu’il contient :

  • La pression intra-folliculaire augmente, et la paroi du follicule se fragilise par digestion enzymatique : ces deux processus aboutissent à la rupture folliculaire libérant l’ovocyte.
  • L’ovocyte lui-même, encore immature, achève sa maturation pendant ce même temps, se détache de la paroi folliculaire, et c’est un ovocyte mature et fécondable qui gagne la trompe utérine ;

Ces processus prennent du temps : il s’écoule entre 36 et 40 heures entre le début de la décharge des gonadotrophines FSH et LH, et la rupture du follicule.

Les gonadotrophines libérées dans le sang par l’hypophyse sont excrétées par les urines avec un certain retard, de l’ordre de 24 heures : l’ovulation a donc lieu le surlendemain de la détection du pic de FSH et LH dans le plasma, mais le lendemain seulement de sa détection urinaire.

Le principe des tests d’ovulation

Tous les tests d’ovulation sont paramétrés pour détecter le pic de LH, beaucoup plus élevé que celui de FSH, dès qu’il atteint un certain seuil : le taux de LH passe en quelques heures de sa valeur de base, inférieure à 10 UI/ml, à des valeurs comprises entre 70 et 120 UI/ml ; il demeure à ces valeurs élevées pendant environ 24 heures, puis rejoint son taux de base.

Il s’agit de tests urinaires, raison pour laquelle ils ne détectent le pic que la veille de l’ovulation présumée.

Certains tests d’ovulation, dits « à deux hormones », définissent en plus une période pré-ovulatoire fertile en détectant également le taux croissant d’estradiol(E2) secrété par le follicule, qui atteint son maximum à cette période, et qui se termine par la décharge des gonadotrophines ; comme FSH et LH, les estrogènes sont en effet excrétés dans les urines, ce qui permet de préciser avec des bandelettes urinaires porteuses de deux réactifs le moment où les estrogènes, puis la LH, atteignent et dépassent un certain niveau. Ce test à 2 hormones détecte donc d’abord l’augmentation du taux d’estradiol, qui signe l’entrée dans la période fertile, puis celle du taux de LH, qui marque l’imminence de l’ovulation.

L’intérêt théorique de déterminer ainsi une période fertile précédant de 4 à 5 jours l’ovulation elle-même est de la mettre à profit pour avoir des rapports et accumuler ainsi des spermatozoïdes dans les trompes utérines.

les tests d’ovulation en pratique 

Les tests vendus en pharmacie ont tous une efficacité comparable, les plus chers n’étant pas forcément les meilleurs. Ils sont d’une utilisation simple, mais comportent des différences de manipulation entre eux, et il convient de bien en suivre la notice.

Même correctement utilisés, ces tests peuvent être pris en défaut et rester négatifs, lorsque malgré leur répétition, aucun des tests quotidiens ne signale l’imminence de l’ovulation. En dehors de fautes techniques dans la réalisation des tests, ceci peut correspondre à quatre situations :

  • L’ovulation n’a pas eu lieu sur ce cycle, ce qui peut arriver épisodiquement chez toute femme normalement réglée ;
  • Sur ce cycle, exceptionnellement, l’ovulation est avancée et le premier test, pourtant correctement positionné en fonction de la longueur habituelle des cycles, est tombé trop tard ; ceci sera illustré par la survenue des règles plus tôt, confirmant une ovulation précoce provoquant un cycle court ;
  • Sur ce cycle, exceptionnellement, l’ovulation est au contraire très retardée, et la quantité de tests disponibles est insuffisante pour aller jusqu’au pic de LH : on peut alors soit abandonner le cycle, soit prolonger les tests sans avoir la garantie qu’il ne s’agit pas d’un cycle anovulatoire ;
  • Le pic de LH a bien eu lieu, mais son intensité a été insuffisante pour atteindre la limite de sensibilité du test, tout en étant suffisante pour déclencher l’ovulation. Chaque femme possède son profil personnel de décharge de FSH et de LH, qui se répète d’un cycle à l’autre, et certaines d’entre elles ovulent parfaitement avec des pics plus faibles que la moyenne : elles peuvent être rassurées, dans la mesure où il n’est pas possible que des cycles réguliers, voire assez réguliers, soient tous anovulatoires.

On peut se retrouver dans la même situation lorsqu’on utilise un test à deux hormones : le test ne détecte que l’augmentation de l’estradiol et ne signale donc que la période de fertilité élevée, qui peut s’étendre sur plus d’une semaine, avant de disparaître sans que le pic de LH ait été détecté : cela correspond également aux quatre éventualités ci-dessus.

Inversement, le test peut rester positif plus d’un jour. Cela est fonction de l’intensité de l’onde de LH, qui dure environ 48 heures, et qui peut rester au-dessus de la limite de sensibilité du test, de 1 à 3 jours, exceptionnellement plus. Dans tous les cas, c’est le jour du premier test positif qui compte.

L’indication des tests d’ovulation

Elle est double :

  • S’assurer qu’il y a bien une ovulation, mais à une nuance près : un test positif indique seulement que le mécanisme du déclenchement ovulatoire s’est déclenché ; l’ovulation suit en général, mais le test ne donne pas de certitudes sur ce plan ;
  • Repérer le plus précisément possible le moment de la prochaine ovulation pour optimiser ses chances de concevoir. Cette procédure n’a donc d’intérêt qu’en cas de rapports sexuels espacés, ou de cycles irréguliers (voir « Quel meilleur moment pour avoir des rapports sexuels ? »).

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