Quand l’ovulation disparaît, les troubles du cycle apparaissent
D’abord une précision : il y a deux sortes de saignements génitaux féminins, qu’il est souvent impossible de distinguer, tant ils peuvent ressembler l’un à l’autre :
*Les règles constituent un saignement génital qui conclut un cycle ovulatoire normal, et qui survient 12 à 14 jours après l’ovulation.
*Les métrorragies sont des saignements génitaux non précédés d’une ovulation : la muqueuse utérine saigne sous l’influence d’une sécrétion fluctuante d’estradiol, sans qu’il y ait eu d’ovulation. Elles se présentent comme de fausses règles, mais la seule façon de les distinguer des vraies serait de tenir une courbe de température : les vraies règles sont précédées d’une élévation puis d’un plateau thermique ; alors que les métrorragies surviennent sur une courbe thermique plate (1).
Lorsqu’il n’y a pas d’ovulation, il n’y a plus de cycle, donc plus de règles, puisque la menstruation est le seul signe visible de l’existence d’un cycle ; il peut toutefois se produire de fausses règles de temps à autre. On peut donc se trouver en présence de deux situations différentes :
*Une absence complète de saignement génital, qui constitue une aménorrhée : dans les cas d’insuffisance pondérale sévère (anorexie mentale), chez les sportives de haut niveau, lorsque le cycle ne reprend pas à l’arrêt de la pilule, en cas de ménopause précoce … et aussi chez beaucoup de femmes sans contexte particulier. Toutes ont en commun le fait de ne plus avoir de sécrétion d’estradiol.
*L’existence de saignements épisodiques, tous les deux à trois mois ou plus, qui constitue une spanioménorrhée : il persiste chez ces femmes une sécrétion fluctuante et anarchique d’estradiol responsable de ces saignements. Lorsque le taux d’estradiol augmente, la muqueuse utérine croît en épaisseur et le saignement s’arrête ; tant qu’il reste à peu près stable, il ne se passe rien ; mais lorsque le taux chute, l’endomètre se nécrose et se met à saigner, et ainsi de suite. Le meilleur exemple en est le syndrome des ovaires micro-polykystiques (SOMPK).
Comment provoquer de (fausses) règles chez une femme qui n’en a pas vu depuis longtemps ?
*S’il persiste chez elle une sécrétion d’estradiol : dans ce cas, il lui suffit de prendre de la progestérone pendant 10 à 12 jours, puis de l’arrêter ; comme dans un cycle normal, où la progestérone post-ovulatoire agit sur une muqueuse préparée par l’estradiol, l’arrêt du traitement provoque une nécrose hémorragique de l’endomètre.
*S’il ne persiste pas chez elle de sécrétion d’estradiol : la progestérone est incapable d’agir sur une muqueuse utérine non préparée par l’estradiol, car atrophique ; il faudra donc prescrire les deux hormones, estradiol et progestérone, pour que leur arrêt provoque un saignement génital appelé « règles » de privation
La prise de progestérone pendant 10 à 12 jours permet donc très simplement de vérifier la présence ou l’absence de sécrétion estrogénique endogène.
Le traitement commun de ces deux situations, du moins chez les femmes qui souhaitent une grossesse, est de rétablir une ovulation normale par la stimulation ovarienne.