Analyse de la parution médicale « Increasing endometrial thickness up to 12 mm Is associated with increased odds of live birth among fresh and frozen-thawed autologous transfers with or without PGT. »
- Auteurs : GARRAT J et Coll
- Support : Fertility and Sterility 2025
L’épaisseur de l’endomètre est un paramètre décisionnel majeur lorsqu’il s’agit de transférer un embryon, qu’il soit frais ou congelé. On considère généralement qu’une épaisseur d’au moins 7 mm est souhaitable, mais il y en réalité peu de données permettant de connaître la capacité d’implantation de muqueuses d’une épaisseur inférieure ou supérieure.
C’est à cette question que tente de répondre cette très large étude rétrospective à partir du registre national de la Society for Assisted Reproductive Technology (SART) américaine. Les auteurs ont pu compiler les résultats en termes de taux de naissances vivantes (TNV) de 261.266 transferts effectués chez 182.784 patientes entre 2016 et 2018 : notamment 78.766 transferts d’embryons frais non testés, 97.170 d’embryons congelés non testés, et 82 .955 embryons testés par DPI. L’épaisseur de l’endomètre a été mesurée le jour du déclenchement de l’ovulation en cycles frais, et au plus près du transfert en cycles congelés.
Les résultats montrent clairement que le TNV augmente progressivement avec l’épaisseur de la muqueuse utérine, et ce que l’embryon soit frais, congelé, testé par DPI ou non. Le TNV passe ainsi de 31,2% pour un endomètre de moins de 6 mm d’épaisseur, à 34,4% pour 6-6,9 mm, 40,8% pour 7-7,9 mm, 45,0% pour 8-11,9 mm, 46,4% pour 12-14,9 mm et 46,2% pour un endomètre égal ou supérieur à 15 mm. Le TNV augmente donc nettement entre 5 et 8mm d’épaisseur, comme généralement admis, mais il augmente encore jusqu’à 12 mm pour plafonner ensuite.
En dehors de son caractère rétrospectif, largement compensé par sa taille importante, cette étude laisse planer plusieurs questions, notamment le fait que la méthode de transfert des embryons congelés n’a pas été prise en compte. Pour beaucoup d’auteurs, la qualité de la muqueuse utérine en cycle naturel est différente de celle sous traitement substitutif estro-progestatif : en cas d’épaisseur endométriale sub-optimale en cycle substitué, vaut-il mieux prolonger l’administration d’estradiol pour « faire pousser » la muqueuse, ou est- il préférable de revenir au cycle naturel ?
Une autre qualité de cette étude : elle est relativement rassurante pour les patientes dont l’endomètre est obstinément qualifié de « trop fin », car le TNV au-dessous de 7 et même de 6 mm d’épaisseur reste significatif ; inversement, la crainte exprimée par certains que l’endomètre soit « trop épais » n’a plus lieu d’être.