Prise de Poids et Ménopause
Beaucoup de femmes se demandent si la ménopause fait grossir ; Nous allons tenter de décrire les symptômes ou les modifications qui affectent l’organisme au moment de la ménopause.
Ces symptômes sont uniquement liés à la disparition de l’hormone « femelle » principale, l’estradiol, qui n’est plus secrétée par les ovaires. Or il se trouve que l’estradiol n’a aucun effet direct sur le poids : sa disparition n’a donc aucune raison de provoquer une prise de poids ; c’est également le cas du retour de l’estradiol sous forme de traitement hormonal pour supprimer les bouffées de chaleur. Il faut en effet rester logique : si la ménopause provoquait une prise de poids, le traitement hormonal ferait maigrir: ce n’est pas ce qui se passe.
Pourtant, un certain nombre de femmes ont réellement l’impression que des kilos superflus se sont invités au moment de leur ménopause. Cette situation provient en réalité de plusieurs mécanismes, dont certains seulement sont hormonaux.
UNE COMPOSANTE PHYSIOLOGIQUE
Il existe une prise de poids physiologique au cours de la vie, très variable selon les personnes, de l’ordre d’une dizaine de kilos en moyenne. Mais elle reste progressive, et il n’y a pas d’accélération particulière de prise de poids chez les femmes au moment de la ménopause.
UNE COMPOSANTE HORMONALE ACCESSOIRE
- Les hormones mâles : lorsque la sécrétion ovarienne d’estradiol cesse, la sécrétion d’hormones mâles par l’ovaire et la surrénale persiste inchangée, voire pour certaines légèrement augmentée : leur effet anabolisant, qui n’est plus freiné par l‘estradiol, peut d’autant mieux s’exprimer.
- L’insuline : la disparition de l’estradiol entraîne un certain degré de résistance à l’insuline, susceptible de favoriser l’apparition d’un diabète tardif. De plus, cette résistance à l’insuline est l’une des composantes du syndrome métabolique, favorisant l’accumulation de masse grasse viscérale et représentant un facteur de risque de complications cardiovasculaires.
Ces modifications sont réversibles par le retour de l’estradiol sous forme de traitement hormonal.
UNE COMPOSANTE DIETETIQUE ESSENTIELLE
Comme à tout âge, les variations de poids s’expliquent surtout par un déséquilibre calorique entre apports et dépenses. Une prise de poids à la ménopause comme à d’autres moments, provient soit d’un excès d’apports alimentaires, soit d’un déficit de dépenses physiques, soit des deux.
- Les excès alimentaires : La ménopause et ses représentations symboliques sont susceptibles de représenter chez certaines femmes une période difficile à gérer. Craintes de la perte de la féminité ou de l’attractivité, du vieillissement, soucis professionnels ou familiaux … les mécanismes compensatoires sont toujours les mêmes, et passent généralement par le grignotage ou les excès alimentaires, en sucres principalement. Ces dérapages se produisent le plus souvent à l’insu de la personne, qui peut affirmer de bonne foi qu’elle n’a pas changé ses habitudes alimentaires.
Il est donc essentiel de veiller à son alimentation, si nécessaire avec l’aide d’un nutritionniste.
- La réduction de la dépense physique : en dehors de la pratique du sport ou des exercices physiques, il existe une dépense calorique destinée à maintenir stable à 37° la température du corps. Cette production calorique est assurée par les muscles au repos. La thermogénèse de repos est corrélée à la masse musculaire, qui diminue avec l’âge, surtout après la ménopause. Cette hypotrophie musculaire a un double impact qui favorise la prise de poids : elle réduit à la fois la dépense énergétique de repos, et la consommation de tissu graisseux qui sert d’énergie au muscle.
Ces phénomènes sont facilement prévenus par une activité physique régulière destinée à entretenir une masse musculaire satisfaisante.
UNE COMPOSANTE MORPHOLOGIQUE
Le gain pondéral, lorsqu’il existe, a une autre conséquence : la modification de la répartition des masses graisseuses qui explique celle de la silhouette :
- Diminution du tissu graisseux au niveau fémoral : la chute de l’estradiol diminue l’activité d’un enzyme, la protéine lipase, qui construit le tissu graisseux au niveau des hanches (lipogénèse) ;
- Augmentation du tissu graisseux abdominal : la chute de l’estradiol diminue également l’activité d’un enzyme qui détruit la graisse abdominale (lipolyse).
Augmentation du rapport taille / hanche et accumulation de graisse abdominale redistribuent le tissu adipeux sur le mode masculin et contribuent à un degré variable à la déféminisation de la silhouette.
Ces modifications peuvent être prévenues par le traitement hormonal : l’estradiol stimule la lipogénèse fémorale ainsi que la lipolyse abdominale.
PRISE DE POIDS ET TRAITEMENT HORMONAL
Un traitement hormonal substitutif adéquat n’a aucune raison d’entraîner une prise de poids. Si celle-ci apparaît néanmoins, c’est que le traitement est mal adapté, et ce pour deux raisons possibles :
- Une dose d’estradiol trop élevée peut entraîner une rétention hydrique, ressentie comme une impression de gonflement souvent associée à une tension mammaire : il suffit de baisser la posologie de l’estradiol ;
- Certains progestatifs prescrits en association avec l’estradiol peuvent avoir un effet anabolisant chez certaines femmes : il suffit de s’en tenir à la progestérone naturelle ou à la rétroprogestérone, qui n’ont aucune action métabolique.
Une prise de poids à la ménopause n’est donc pas une fatalité : il y a donc toujours une ou des explications permettant autant solutions pour maintenir son poids. Une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et le recours éventuel au traitement hormonal sont des mesures simples et toujours efficaces afin de ne pas grossir lors de la ménopause.
Il est désormais possible de choisir sa ménopause.