Dr Jean-Claude EMPERAIRE

Les articles du Dr Emperaire

SPERMATOZOIDES ANORMAUX : QUELLE IMPORTANCE ?

 

 

Les principaux paramètres du spermogramme, en dehors de l’aspect physique de l’éjaculat (couleur, volume …) sont la concentration, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes (spz).

 

Un spz normalement conformé (spz typique) comprend trois segments (Fig-1)  :

 

      • Une tête, qui contient le noyau, surmontée d’une structure conique (acrosome) qui permet à la tête du spz de franchir la paroi de l’ovocyte à féconder ;

     

        • Un flagelle sinueux, qui donne sa motilité au spz ;

       

          • Une pièce intermédiaire, qui joint ces deux structures, et qui fournit notamment l’énergie nécessaire au spz pour se déplacer ;

         

        Les spz sont produits dans les testicules au niveau des tubes séminifères, à l’« état brut », non fécondants et immobiles, un processus qui dure entre 75 et 90 jours. Ils se différencient par la suite au cours de leur trajet dans l’épididyme, d’une durée d’environ trois semaines, acquérant au passage leur mobilité. Ils ont ensuite stockés au niveau de l’ampoule déférentielle en attendant la prochaine éjaculation. Il faut donc compter pratiquement au moins trois mois entre le début de production d’un spz et son arrivée dans l’éjaculat. C’est pourquoi un spermogramme de contrôle ne doit pas être effectué plus tôt.

         

        Le spermocytogramme classifie les spz selon leur morphologie : il existe deux classifications, selon que l’on compte le pourcentage de spz  montrant au moins une anomalie (Classification de David), ou que l’on additionne toutes les anomalies présentes sur les spz (classification de Krüger). Le laboratoire doit indiquer avec le résultat quelle classification a été utilisée. En dehors de cas très particuliers (globozoospermie, flagelles enroulés …), les différentes anomalies n’ont pas en elles même de signification particulière.

         

        Plus de la moitié des spermatozoïdes éjaculés présentent une anormalité au niveau de l’un ou de plusieurs de leurs trois segments (spz atypiques). Ceci reste normal tant que la proportion de ces spz atypiques ne dépasse pas un pourcentage seuil ; dans le cas contraire, on parle de tératospermie (ou de tératozoospermie) : 

         

            • Tératospermie légère lorsque le taux de formes typiques est compris entre 10 et 23% (dans la classification de David) ;

            • Tératospermie modéré lorsque ce taux est compris entre 4 et 9% ;

            • Tératospemie sévère lorsqu’il tombe au-dessous de 4% ; certes, 4% de spz typiques sur plusieurs dizaines de millions de spz présents dans l’éjaculat, cela fait encore beaucoup de spz normaux et capables de féconder un ovocyte ; mais ils sont pris dans la masse des autres, qui représente un obstacle à leur progression.

           

          Il est donc habituel qu’il y ait une forte proportion de spz anormaux dans l’éjaculat ; relativement peu de spermogrammes montrent d’ailleurs un taux de spz typiques supérieur à 25%. Les tératospermies légères et modérées impactent peu le pouvoir fécondant du sperme, et sont compatibles avec des chances subnormales de grossesse naturelle ; par contre, les tératospermies sévères sont susceptibles de diminuer considérablement les chances de grossesse, sans les supprimer complètement, et peuvent justifier le recours à la PMA.

           

          Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure d’un taux élevé de spz atypiques. Précisons également que les qpz atypiques n’étant pas fécondants, ne peuvent être aucunement impliqués dans les fausses couches, ni dans les anomalies de grossesse, ni dans les malformations congénitales.

           

          QUE PEUT-ON FAIRE POUR DIMINUER LES FORMES ATYPIQUES ?

           

          Les moyens disponibles pour réduire une tératospermie  restent modestes. En dehors des conseils habituels de maintien d’une bonne santé générale (mener une vie saine, surveiller son poids, avoir une activité physique, manger équilibré …), trois mesures sont possibles : 

           

              • Effectuer une échographie testiculaire à la recherche d’une cause locale favorisante : inflammation, varicocèle notamment ;

             

                • Réduire drastiquement ou, mieux, supprimer tous les toxiques habituels : le tabac, et toutes les drogues sans exception, qui sont délétères pour le spz, en fonction de l’importance de l’intoxication ; une certaine consommation d’alcool peut être conservée, à condition de reste très modérée, et d’éviter les alcools forts.

                • Le recours aux antioxydants disponibles sans ordonnance (Gametix, Fertiduo …), bien que basé sur des arguments scientifiques solides, entraine rarement des résultats spectaculaires.  

               

              Rappelons finalement qu’il est habituel que plus de la moitié des spz présents dans l’éjaculat montrent une ou plusieurs anomalies, avec de fortes variations d’un examen à l’autre.

              C’est pourquoi la présence d’une tératospermie, en dehors des formes sévères, ne doit pas susciter d’inquiétude exagérée quant aux chances des pouvoir débuter une grossesse.

               

               

              Figure 1:  

               

              Les derniers articles

              AUTOUR DE L'INFERTILITÉ

              AUTOUR DE LA MENOPAUSE