Revue scientifique

L’UTERUS VIEILLIT LUI AUSSI

Analyse de la parution médicale « Advanced maternal age was associated with an annual decline in reproductive success despite use of donor oocytes: a retrospective study. »

  • Auteurs : Sebastian-Leon P et Coll. 
  • Support : Fertlity and Sterility 2025

Chez la femme, le déclin de la fertilité lié à l’âge commence à 30 ans, pour s’exacerber entre 35 et 40 ans. On explique cette perte de chances progressive par le vieillissement ovocytaire, facteur d’hypofertilité par la réduction de la réserve ovarienne, et d’augmentation de la proportion d’embryons génétiquement anormaux augmentant le risque de fausse couche. Depuis le début de la pratique des dons d’ovocytes, lorsque des femmes italiennes accouchaient à la soixantaine, on pensait que l’utérus ne vieillissait pratiquement pas. Pourtant, plusieurs articles sur les dons d’ovocytes de femmes jeunes, et les transferts d’embryons génétiquement contrôlés par DPI, ont attiré l’attention sur une tendance : le taux de naissances vivantes (TNV) est inférieur chez les femmes de 40 ans et plus que chez les femmes plus jeunes.        

Ceci pose évidemment la question de l’existence d’un vieillissement utérin associé.

L’ETUDE   Les auteurs ont construit une étude rétrospective multicentrique nationale. Ils ont analysé les résultats de dons d’ovocyte et de transferts embryonnaires à partir d’une base de données de 219.266 transferts effectués entre 2000 et 2022 dans 19 centres espagnols. Ils ont sélectionné les transferts d’embryon unique de J 5 sur cycle substitué chez des femmes de 35 à 50 ans ayant un indice de masse corporelle normal. Les blastocyste J 6 ont été exclus car donnant des résultats plus faibles, de même que les femmes en surpoids, dont les performances conceptionnelles sont inférieures et les risques de pathologie plus élevés.

Ils ont ainsi analysé l’évolution continue du TNV entre 35 et 50 ans à partir de 33.141 transferts effectués chez 21.029 femmes, certaines patientes ayant bénéficié de plusieurs transferts.

LES RESULTATS  Ils confirment l’existence d’un déclin du TNV à partir de l’âge de 40 ans : alors que ce taux reste identique chez les femmes entre 35 et 40 ans, il chute de 45,8 à 32,7% entre 40 et 50 ans. De même, le taux de fausse couche passe de 26,5 à 37% entre 43 et 50 ans, tout comme le taux d’échec d’implantation qui augmente de 37,3 à 48,1% entre 39 et 50 ans. Plus précisément, les taux d’échec d’implantation et celui de fausse couche, rapportés au TNV, augmentent respectivement de 4,2 et de 3,2% chaque année à partir de 40 ans.

COMMENTAIRES  Il s’agit de la première étude sur ce sujet prenant en compte chaque année entre 35 et 50 ans, alors que les autres travaux publiés travaillent sur des groupes d’âge, 35-40,  40-45 et 45-50 par exemple. Son caractère rétrospectif est compensé par le nombre important de transferts, sa nature homogène tant au niveau des centres participants, que des critères de sélection.

Si la diminution de la réceptivité utérine avec l’âge semble ainsi établie, ses causes restent par contre hypothétiques : diminution de l’épaisseur de l’endomètre, de sa vascularisation, altération des gènes impliqués dans l’implantation embryonnaire, apparition de pathologies utérines … Ce travail a en tous cas le mérite d’attirer l’attention sur l’importance du facteur utérin dans le déclin de la fertilité féminine avec l’âge, et de la nécessité de lui apporter une attention aussi grande que celle prêtée au vieillissement ovocytaire.    

Un autre message est clair : si pour une raison ou pour une autre, un don d’ovocyte doit être envisagé, mieux vaut ne pas trop reporter le projet.