Parmi les modifications qui surviennent à la cinquantaine, il n’est pas toujours facile de savoir si certaines sont liées à la ménopause, ou à d’autres facteurs, comme le vieillissement naturel.
Le phénomène essentiel à la base de la ménopause est la disparition plus ou moins rapide de l’organisme féminin des hormones femelles, essentiellement l’estradiol. Cette hormone ayant des récepteurs dans pratiquement tous les tissus du corps, on comprend que sa disparition soit susceptible de créer des dysfonctionnements à de nombreux niveaux.
Par contre, les troubles qui peuvent apparaître à cette période ne sont pas forcément tous liés à la disparition de l’estradiol, ce qui explique qu’il est parfois difficile de faire la part des choses.
On peut schématiquement distinguer trois types de symptômes.
LES TROUBLES DE LA MENOPAUSE QUI SONT ESSENTIELLEMENT D’ORIGINE HORMONALE
Les principaux sont bien connus :
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- Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes perturbant le sommeil ;
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- Les douleurs articulaires, susceptibles d’intéresser toutes les articulations, avec un phénomène de « dérouillage » ;
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- La sécheresse vaginale, parfois marquée au point d’affecter gravement la vie sexuelle ;
LES TROUBLES DE LA MENOPAUSE QUI SONT PARTIELLEMENT D’ORIGINE HORMONALE
Ils sont nombreux, mais nous nous en tiendrons aux deux plus importants :
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- Les perturbations de l’humeur : ces « sautes d’humeur », succession de moments paisibles et de périodes dépressives avec angoisse et parfois idées noires, peuvent être secondaires à beaucoup de facteurs autres qu’hormonaux : changement de silhouette, perte de fertilité et d’estime de soi, spectre du vieillissement, incompréhension de l’entourage … parfois aggravés par des difficultés professionnelles ou familiales. Ces représentations conscientes et inconscientes sont beaucoup plus à l’oeuvre que le taux d’estradiol pour ce qui concerne ces perturbations de l’humeur.
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- La prise de poids, qui est elle aussi multifactorielle : difficultés psychologiques génératrices de compensation alimentaire plus ou moins consciente, changements corporels, diminution de l’activité physique notamment, sont des facteurs de prise pondérale beaucoup plus importants que la privation estrogénique.
LES TROUBLES DE LA MENOPAUSE DONT L’ORIGINE HORMONALE EST DOUTEUSE
Il s’agit des manifestations plus courantes et peu caractéristiques qui peuvent affecter tous les appareils à des degrés divers, mais qui existent également à d’autres époques de la vie. Ce sont les plus difficiles à cerner, tant pour la femme elle-même que pour son médecin.
Il n’y a pas de ménopause en général, car chaque femme va traverser une transition ménopausique qui lui est propre. Il existe des ménopauses silencieuses, mais les plus fréquentes sont les ménopauses plus ou moins troublées plus ou moins longtemps, avec un mélange de symptômes des trois catégories.
Dès lors, comment s’y retrouver pour essayer de revenir à sa qualité de vie d’ « avant » ?
Il existe une solution relativement simple, et toujours efficace : le traitement d’épreuve.
LE TRAITEMENT D’EPREUVE
De quoi s’agit-il ? Il s’agit de prendre de l’estradiol à la juste dose nécessaire et suffisante pour effacer les symptômes engendrés par la disparition de cette hormone. Chez les femmes qui ont encore leur utérus, c’est à dire la plupart d’entre elles, il est nécessaire de prendre en même temps de la progestérone pour compenser l’effet de l’estradiol sur la muqueuse utérine ; mais c’est bien l’estradiol qui reste l’hormone nécessaire.
Quelles hormones ? On doit en rester aux hormones naturelles, celles qui baignaient l’organisme auparavant. Certes, ces hormones ne sont pas des extraits naturels, elles sont produites chimiquement. Mais leur caractère fondamental est de posséder exactement la même structure moléculaire que les hormones naturelles qu’elles remplacent.
Qu’en attendre ? Il va se passer que tous les symptômes essentiellement liés à la privation en estradiol vont disparaître, tous ceux partiellement liés vont s’améliorer plus ou moins, et tous ceux qui n’ont aucun rapport vont persister.
De cette manière, chaque femme peut être renseignée sur la nature et le degré d’inconfort provoqué par la disparition de l’estradiol de son organisme ; il lui est ainsi plus facile de comprendre ce qui lui arrive, et de décider de quelle manière elle souhaite gérer cette période de sa vie.
Combien de temps ? Une durée de trois mois semble raisonnable, car certains symptômes régressent de manière plus progressive que d’autres ; de plus, il faut un certain temps pour qu’un éventuel effet placebo s’évapore.
On peut estimer qu’une période de trois mois est suffisante pour qu’une femme cerne beaucoup mieux la nature des troubles qui la préoccupent ; mais il va de soi que cette expérience peut être interrompue à tout moment sans risque particulier : elle n’engage en rien.
Quels risques et inconvénients ? Un traitement d’épreuve ne peut se concevoir que chez une femme bénéficiant d’une mammographie et d’un bilan biologique récents.
En dehors des contre-indications bien établies au traitement hormonal, comme les cancers hormono-dépendants, mais pas que, il n’existe pas d’inconvénient à tenter un traitement d’épreuve ; sachant que déterminer la dose nécessaire et suffisante d’estradiol peut demander quelques ajustements au début.
Même pour les personnes qui restent persuadées que « les hormones donnent le cancer », car il y en a encore, une période de trois mois de traitement n’est en aucune manière de nature à les mettre en danger.
ET LA PREMENOPAUSE ?
La période qui précède la ménopause proprement dite peut être perturbée par une sécrétion anarchique d’estradiol. Du fait de la raréfaction des ovocytes, le taux d’estradiol est instable, et des périodes de pénurie peuvent alterner de façon imprévisible avec des périodes normales, voire d’excès hormonal.
Dans cette situation, il est également possible de distinguer ce qui revient aux variations hormonales en substituant au cycle spontané un cycle artificiel équilibré en hormones naturelles.
Au total, le traitement hormonal d’épreuve s’adresse à la femme confrontée aux inconforts de la transition ménopausique, et qui hésite à envisager un traitement hormonal ; il lui permet, sans aucun engagement de sa part, de mieux comprendre ce qui lui arrive, et de mieux décider comment gérer cette période de sa vie.